A la rentrée, comme tous les bons élèves (enfin j’imagine, je n’en ai jamais été une) j’ai fait une petite liste de résolution pour ce blog. Oh très courte la liste, je sais combien l’alimenter régulièrement est difficile.
Il y avait notamment le fait de documenter tous les spectacles de l’année, même brièvement, et ce le plus tôt possible après le spectacle afin que vous puissiez y aller si le spectacle est donné pendant plusieurs jours ou semaines.
Bon, on peut dire que c’est loupé, à part pour le spectacle de Bartabas et Les Pépites.
Le spectacle qui a suivi le fascinant Viktor de Pina Bausch au Châtelet marquait également le début de ma saison au Théâtre des Champs Elysées.
Au programme de la danse contemporaine signée William Forsythe, Martha Graham, Justin Peck et Benjamin Millepied. On peut dire que ce début fut chargé de frustration.
Il ne fait pas bon avoir des contraintes budgétaires dans cet auguste établissement: avec ma place en 4eme catégorie (36€ tout de même)(oui le public du TCE a les moyens) j’ai eu droit à une place sans visibilité correcte sur la scène. Ma frustration a baissé d’un cran (mais pas mon indignation) lorsque j’ai découvert que mes voisins avaient payé les leurs 50 ou 60€. La réponse du théâtre à mon tweet un peu agacé a été de me dire que « vous comprenez, c’est un vieux théâtre à l’italienne ». Au moins on a la mesure du respect qu’ils portent à leur clientèle.
Mais revenons au spectacle.
Du « Quintett » de Forsythe je n’ai rien vu, j’ai juste « profité » de la musique répétitive et pas bien passionnante. Et j’ai aperçu des costumes pas bien jolis (décidément la danse contemporaine et les costumes ça fait 2).
J’ai songé sérieusement à partir et tant pis pour la suite. A la fin du premier entracte j’ai relevé qu’il restait des places au parterre (que les ouvreuses n’ont pas eu la gentillesse de proposer à des spectateurs moins bien placés comme je l’ai toujours vu faire dans les théâtres de la rue de la Gaité) et me suis dit que pendant le deuxième entracte je descendrais piquer une place.
Le « Duets » de Martha Graham se dansait a l’endroit de la scène que je voyais, j’en ai donc mieux profité et plutôt aimé ce ballet finalement très classique.
Une fois arrivée au parterre, j’ai pu vraiment profiter de l' »Helix » de Justin Peck que j’ai adoré. C’est une pièce très courte mais d’une énergie folle. Un réel bonheur de spectatrice.
Quant à la dernière création de Benjamin Millepied, j’en ai beaucoup aimé la musique, les décors et lumières, le costumes foisonnant de couleurs et adoré certains mouvements. Mais je l’ai aussi trouvée trop longue, et fourmillant de mouvements compliqués et alambiqués dans lesquels on sentait l’inconfort des danseurs. Ce ballet n’avait pas besoin de ces tentatives de prouesses techniques, il a toutes les qualités pour être une réussite.
Pour notre dernier spectacle dans la salle du Théâtre de la Ville ce fut de la danse encore, Lucinda Childs pour « Dance » que j’ai adoré, malgré la musique ultra-répétitive et donc occasionnellement crispante de Philip Glass. Je ne sais pas si elle a représenté des bulles de champagne, des flocons de neige, des atomes ou des particules de poussière dansant dans le soleil, mais j’ai eu un coup de coeur pour ce ballet aux mouvements eux aussi très répétitifs. Mais de ces répétitions, de ces mouvements sans cesse refaits et de la mise en abime grâce à la video nait une grâce infinie et une énergie très fort.
Et dieu sait s’il en faut aux danseurs de l’énergie: le ballet ne dure qu’une heure, mais pendant une heure ils ne touchent pas le sol, ou à peine, le temps d’enchainer la pirouette suivante. Un ballet étrange mais à voir absolument, surtout interprété par la magique troupe du ballet de l’opéra de Lyon*
Début Octobre Mr Papillon et moi avons été assisté à un spectacle que j’adore: le concert du dimanche matin au Théâtre des Champs Elysées**. Il a lieu à 11h certains dimanches, en placement libre et dans une atmosphère évidemment beaucoup plus détendue qu’en semaine. Le théâtre se démocratise un peu en quelque sorte. Oubliez les sacs Hermès ou Chanel à gogo, tout le monde est en jean-baskets ou presque.***
Ce dimanche d’octobre ce sont les « Variations Goldberg » de Bach que nous avons été écoutées, interprétées par la toute jeune et prodige Béatrice Rana.
Le bon résumé de la qualité du spectacle est le fait que j’ai pleuré un peu trop souvent à mon goût, totalement désynchronisée de ma voisine de devant****, mais il y a eu beaucoup de larmes essuyées tant l’interprétation était incroyable.
Ma seule critique sera que vraiment il faut que le monde de la musique classique change de vestiaire. Une robe longue en velours rouge et avec strass le dimanche matin à 11h et quand on a 23 ans ça devrait être interdit. Nous sommes au XXIème siècle les amis, il est temps que nos géniales pianistes aient le droit de porter un pantalon et une chemise, ou quoi que ce soit qui les amuse, mais arrêtons de leur demander de se déguiser.
J’aurais aimé la voir en jean et pull notre jeune pianiste.
Au Théâtre des Champs Elysées***** toujours, nous avons assisté à l’Opéra de Quat’sous de Bertolt Brecht dans une mise en scène de Bob Wilson pour le Berliner Ensemble.
Holly, Mr Papillon et moi sommes des inconditionnels du Berliner Ensemble que nous allons applaudir à chaque fois qu’ils sont programmés par le Théâtre de la Ville.
Cette troupe virtuose aime se frotter à des textes pas toujours évidents, mais les rend accessibles et spectaculaires quand ils s’associent à Bob Wilson pour la mise en scène.
Je suis restée bouche bée lorsque le spectacle a commencé avec cette scène:

Image via
L’histoire de « L’opéra de quat’sous » n’est pas drôle. Cela l’est rarement chez Bertolt Brecht ai-je l’impression. Nous sommes à Londres sous l’ère victorienne et assistons à la guerre entre un bandit-dandy des bas quartiers et un marchand de misère dont la fille a eu le malheur de s’amouracher du bandit.
Misère, prostitution, corruption, le tableau est bien noir mais malgré tout sublime et baroque. Le portrait fait de notre humanité et de notre civilisation n’est reluisant, loin de là, mais malgré tout les personnages nous touchent infiniment.
Je n’ai toujours pas lu Brecht, mais comme après « La mère courage » j’ai envie de le faire. Sans doute est-il grand temps que je passe en librairie acheter de quoi y remédier.
Je ne sais pas dans quelle mesure le Berliner Ensemble tourne en France avec ses différents spectacles, mais si vous pouvez, allez les voir, cette troupe est magique et nous avons tous les trois beaucoup aimé cet « Opera de quat’sous ».
Voilà ce que j’ai vu, écouté, admiré ces deux derniers mois. Et vous, qu’avez-vous vu de beau et que recommandez-vous?
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* Dont vous savez combien je suis admirative, je ne vais pas recommencer mes louanges, il y en a pour 1000 ans.
** Et pas de problème de placement, nous sommes arrivés tôt et étions au parterre, youhou!!!
*** Si je parviens à trouver un endroit où aller bruncher et manger des oeufs benedict ensuite ce sera absolument parfait. Evidemment toutes vos bonnes adresses m’intéressent (mais non pas Ladurée où les dits oeufs sont sublimes, mais plus servis après midi, enfer et damnation).
**** C’était assez drôle, nous avons toutes les deux beaucoup pleuré, mais pas au même moment. Par contre nous avons toutes les deux terminé le spectacle avec de beaux yeux rougis et gonflés.
***** Qui fait partie des théâtres et salles parisiennes qui accueillent des spectacles du Théâtre de la Ville pendant que celui-ci se refait une beauté.