La famille Papillons vient d’innover et expérimenter quelque chose de nouveau. Malgré notre curiosité insatiable il est important de le noter, car si nous sommes généralement au courant de tout ce qui vient de sortir, nous en profitons rarement, emplois du temps débordants obligent.
Cette année les Papillons ont testé l’opération initiée par Alain Ducasse et organisée par La Fourchette « Tous au restaurant », ou comment faire découvrir des restaurants petits ou grands par une opération BOGOF (« Buy one, get one free », oh le joli jargon de distribution que voilà!!!). En clair allez dîner à 2, il n’y a qu’un des deux menus qui est facturé.
Des années que ça existe, jamais réussi à réserver une table.
Et bien cette année Mr Papillon en a réservé deux(!!!): Hélène Darroze et la Table de Botzaris.
Des étoiles et de la jeune création. Joli programme.
Nous avons commencé mercredi soir par un dîner chez Hélène Darroze, dans le Boudoir de son Restaurant.
Au menu:
(A noter que le menu du déjeuner et du dîner sont les mêmes, le déjeuner à 50€, le dîner à 85€, cherchez l’erreur…)(manque de bol ma pause déjeuner dure en moyenne 45 minutes, dur dur d’aller déjeuner au coeur de Paris)
Nous avons rendez-vous pour 19h, je n’ai pas dîné à cette heure-là depuis ma petite enfance, mais passons, nous aurons le temps d’en profiter davantage me disé-je repensant aux 5 heures passées à table chez Passard ou Trois-Gros.
Accueil soigné, décor (de papillons) ravissant, gobelets Baccarat sur notre table, la maison Darroze est jolie, vraiment jolie, et très féminine, c’est assez agréable dans ce milieu si masculin.
Dommage qu’on ait isolé les participants de l’opération « Tous au restaurant » dans le petit boudoir, j’ai eu l’impression d’être une pestiférée qu’il ne fallait surtout pas mélanger au reste de la clientèle.
Mr Papillon et moi essayons de passer outre les 2 premières impressions mitigées laissées par l’heure du dîner et le petit boudoir (notre mail de confirmation annonçait « Le salon ») et nous commandons deux flûtes d’un excellent champagne Drappier. Le vin n’est pas compris dans le menu, mais l’objectif de la soirée est de nous faire plaisir et d’en profiter. Le champagne est délicieux et me rappelle un certain dîner au champagne avec Hélène 😉
Ma mine se fronce davantage lorsqu’on apporte directement nos entrées.
Euh… c’est l’apéritif le champagne, ils sont où les petits machins qui vont avec? Nous restons légèrement interloqués…
Mr Papillon a beaucoup aimé cette version du foie gras, j’avoue être restée plus neutre. Ma référence en matière de foie gras est ma belle-maman qui prépare un foie gras cuit au sel absolument époustouflant, servi avec du très bon pain de campagne à l’ancienne, et depuis que je le consomme, plus rien ne soutient la comparaison. Y compris Hélène Darroze donc.
Par contre le petit sorbet à la pomme verte qui accompagnait la crème était une tuerie, et l’idée d’associer foie gras et pomme verte est à garder, la combinaison est papillement géniale.
Le poisson ensuite. Merveille, merveille, merveille, merveille, j’en voudrais une autre assiette s’il vous plaît!!!
Nous avons commandé du vin pour aller avec: un verre de Saint Romain Matrot (2007) et un verre de Pacherenc Vic Bilh Odé d’Aydie.
Les vins étaient aussi délicieux que le poisson et se mariaient parfaitement avec, chacun dans leur style.
Mon humeur s’est défroissée et je me suis dit que la maison méritait vraiment une visite….
…mais le soufflé s’est dégonflé quasi aussi sec lorsque le dessert est arrivé.
Nous n’avons pas souhaité ajouter de fromage au menu, préférant nous réserver pour le reste du menu, notamment en pensant aux multiples mini-plats, amuse-bouches et autres mignardises dont les grands chefs ponctuent leurs menus.
Bon et bien là que dalle, walou, nada. Les plats s’enchaînent à vitesse grand V, sans intermède qui permet en fait de rafraîchir les papilles (autant dire que je ne comprends vraiment pas les 35€ d’écart entre le prix du déjeuner et du dîner).
Il est joli le dessert, mais ridiculement petit par rapport à ce à quoi j’ai été habituée chez les autres grands chefs.
J’ai l’impression d’une assiette de mignardises plus que d’un vrai dessert.
Bien sûr il est délicieux, évidemment il est délicieux, associer du chocolat à de la framboise et du poivre c’est juste fantastique comme idée. Dommage que cela ne dure pas plus longtemps sur la langue et que l’on reste sur un grande impression de trop peu.
A 20h15 je commande un déca, à 20h30 nous sommes dehors.
Je suis en mode hallucination et méchante impression de foutage de tronche.
Peut-être n’avons-nous payé que la moitié du prix du menu, mais j’ai l’impression de n’avoir eu qu’un pouillème de l’expérience attendue.
Peut-être en attendions-nous trop, peut-être aurions-nous dû faire abstraction de nos expériences en situation « normale » chez des confrères d’Hélène Darroze.
Peut-être nos voisins de table qui n’ont rien ajouté à leur menu sont-ils repartis pleinement satisfaits.
Peut-être…
Résultat de la soirée, Hélène Darroze atterrit tout en bas de ma liste de chef étoilés à découvrir, je n’aime pas l’idée de traiter au rabais une clientèle qui profite d’une opération de communication très bénéfique pour les restaurateurs pour oser entrer dans des restaurants souvent inaccessibles, sous prétexte qu’elle ne paie pas plein pot. On joue le jeu ou on ne participe pas à ce genre d’opération.
Je sais que ce n’est pas ainsi que l’on est reçu quand on paie son menu de déjeuner 150€, c’est quelque chose que ma princesse intérieure se fera fort de ne pas oublier.
Dimanche midi nous avions rendez-vous à coté des Buttes Chaumont, à « La table de Botzaris », un joli restaurant à la décoration simple, sobre et élégante, avec bibliothèque culinaire au mur.
Les tables sont décorées très sobrement, juste parées d’une branche d’orchidée dans un mini-vase.
L’accueil est fait par le chef, prévenant, enthousiaste et chaleureux.
On sent de l’effervescence dans l’équipe très féminine et souriante. Tout le restaurant est aux couleurs de l’opération. Au lieu de l’habituel brunch dominical c’est repas gastronomique. On devine un certain enjeu pour un restaurant encore jeune.
Ça change agréablement du dîner hyper calculé et blasé de mercredi…
Cocktail maison et toast à la mousse de foie gras en apéritif… et bien je vous le dis, un soupçon de liqueur de melon dans du champagne ça marche super bien, c’est absolument délicieux. Fruité et ensoleillé mais point trop sucré, il me faut de cette petite chose dans notre bar!
(Oui, oui, ici on vous apporte des petites choses pour accompagner votre champagne, un truc de dingue!!)
La petite pré-entrée nous a enchantés, ce crémeux de panais était une petite merveille: texture légère et délicate, parfum subtil du macis (l’écorce de la noix de muscade) associé à l’huile d’olive. C’est très réussi et charmant pour commencer un repas.
Le menu démarre ensuite très sérieusement avec le vitello tonnato, qui consiste en un carpaccio de veau accompagné de légumes crus et croquants et d’une sauce au thon.
Si ce n’est que nous aurions encore davantage apprécié ce plat avec un petit peu moins de sauce, c’était un régal, le veau était succulent!
Pour accompagner notre repas nous avons choisi une carafe d’un excellent vin de Catalogne cuvée 2010, en bio. Très doux et velouté il était parfait pour l’ensemble du repas.
Ensuite vint le plat de résistance qui a réussi un truc super balaise: me faire aimer du bœuf cuisiné à la façon d’un Bourguignon.
Comment on fait ça? En choisissant soigneusement les morceaux de viande et en les effilochant minutieusement, en les accompagnant d’épinards, petits oignons et délicieuses carottes, en servant le tout façon lasagne et en couronnant la merveille d’un peu de foie gras poêlé. Tuerie totale!!
Bon là franchement les estomacs commençaient à être bien remplis, et la perspective d’un tiramisu m’a presque (presque, hein, on ne chahute pas non plus, J’ADORE le tiramisu!!) fait peur.
Sauf que non, il était super léger, une mousse réussie comme j’aimerais savoir le faire: pas trop sucrée, texture parfaite… pfff, miam quoi (vas-y raboule le saladier!!)
Et puis surtout aux mirabelles le tiramisu. Génie!!!!!!!!! C’est dément le sucre de la mirabelle légèrement confite avec la crème au mascarpone légère comme un nuage.
Et cerise sur le gâteau (enfin façon de parler :-)): sucre pétillant pour saupoudrer le tout.
Orgasme sur la langue, hystérie des papilles. Dessert idéal après le festin!
Après tout ça un petit café et nous sommes partis nous balader aux buttes toutes proches. Un parfait déjeuner dominical made in Paris!
Conclusion de cette histoire: la valeur d’un restaurant ne se mesure vraiment pas à son nombre d’étoiles. Si certains grands chefs savent garder leur âme et accueillir tous leurs clients comme il se doit, d’autres sont manifestement devenus de grosses machines bien huilées où ce sont le comptable et le contrôleur de gestion qui définissent la teneur d’une opération sensée faire découvrir la gastronomie aux gens.
La Table de Botzaris est une très jolie et très agréable découverte où nous aurons plaisir à revenir pour une déjeuner, un dîner ou un brunch (puisqu’en plus ils ont la bonne idée d’avoir un menu enfant!). Quant à Mme Darroze, et bien nous nous passerons de sa table.
Je crois que le problème de cette opération est que pour beaucoup, les chefs ne jouent pas le jeu. L’an dernier et cette année nous avons participé à cette opération dans notre ville (à Metz, très exactement) Les 2 fois, nous avons diné dans des restaurants où nous avions déjà eu l’occasion de manger et où nous avions été tout à fait satisfaits. Et pourtant, les 2 repas de l’opération « Tous au restaurant » ne nous ont pas laissés une bonne impression. Menu composé spécialement, on ne retrouve rien de la carte, et d’ailleurs le libellé du menu de mercredi soir ne laissait pas de doute : » Un menu à 60 euros, soit 30 euros par personne ». Et bien non, je regrette, ça n’est pas la même chose de proposer un menu à 60 euros et d’offrir le 2ème, et de faire en sorte que pour 60 euros on arrive à faire manger 2 personnes. C’était déjà flagrant l’an dernier, ce fut confirmé cette année. Clairement le menu ne valait pas 60 euros. Donc messieurs les chefs, ne jouez pas sur les mots, jouez le jeu. En tout cas pour nous c’est la dernière fois que noous participons à cette opération…
Même impression pour ma part, une réservation faite dans un restaurant à deux pas de chez d’excellents amis, dans un restaurant que nous évoquions depuis un moment et puis à peine une heure plus tard, message du restaurant, me signalant que l’offre la fourchette tous au restaurant ne s’applique pas le samedi soir…. bref j’en retire l’impression mitigée d’un chef qui veut profiter de la visibilité offerte par l’opération mais sans malgré tout être complètement dans l’esprit….
tant pis, on a passé notre tour, et on s’est régalé à la maison….
J’aime beaucoup ton compte-rendu ! Je n’ai jamais participé à ce genre de manifestations mais si les plus connus ne jouent pas le jeu à quoi cela sert-il ?
Les photos du second repas me mettent l’eau à la ouche !
Bonjour,
J’ai découvert ton blog grâce celui d’Hélène et je te lis depuis plusieurs semaines maintenant. En fait, je n’ai pas réussi à réserver une table chez Hélène Darroze à cause du succès de cette opération mais en lisant ton compte-rendu, je me dis que c’est peut-être mieux ainsi! Cela m’enlève des regrets!
Bonne journée à toi.
Bienvenue chez moi! 🙂
En effet, surtout n’aie pas de regret, ce type d’opération n’est pas le bon moyen de découvrir ce restaurant, ils ne jouent pas le jeu.
La cuisine est dingue, donc pour découvrir Hélène Darroze il vaut mieux faire une petite cagnotte et y aller en sortant « le grand jeu ». On a testé l’Arpège pour un déjeuner dégustation (à tomber!), Trois-Gros pour un dîner à la carte… L’énorme dîner dégustation totalement hors de prix n’est donc pas obligatoire 😉
A très bientôt ici ou chez Hélène!!
Hélène a London c’était pas parfait alors pas de regret! J’essaierai la Table de Botzaris. Xx