S’il y a une chose que j’aime par dessus tout en vivant à Paris, c’est la possibilité de voir de très grands comédiens jouer sur scène.
C’est une chance que je savoure à chaque fois que je vais au théâtre ou presque. Surtout ne jamais devenir blasée, continuer à apprécier, goûter pleinement et apprécier ce moment magique à sa juste valeur.
En ce moment à la Comédie des Champs-Elysées se joue « Le roi se meurt de Ionesco« . 100 représentations, avec Michel Bouquet et Juliette Carré (son épouse viens-je de découvrir).
Mr Papillon ne comprenait pas forcément très bien mon insistance à prendre des places pour cette pièce et je crois que c’est davantage l’idée de Ionesco que de Bouquet qui l’a emporté.
A la fin du spectacle je crois qu’il a compris mon attachement pour ce comédien incroyable.
J’ai vu Michel Bouquet pour la première fois sur scène il y a quelques années (2 ou 3 ans… à moins que ce ne soit encore plus vieux?!) dans « l’Avare » de Molière.
Il dégageait une telle présence scénique et en même temps une telle fragilité que j’étais ressortie de la pièce bouleversée. Si ma mémoire est bonne, Philomène était dans le même état.
J’étais donc ravie de voir que Michel Bouquet était en forme, et incarnait un roi mourant certes, mais combatif.
La pièce de Ionesco traite admirablement de l’Homme face à sa vie, au temps qui passe et à sa mort.
Et faire jouer ce roi mourant à un monsieur de plus de 80 ans est incroyablement fort et courageux.
Notre mort est notre seule certitude en ce bas monde.
C’est aussi l’un des sujets que nous refusons d’aborder / considérer / discuter / envisager et remettons systématiquement à plus tard, comme si la mort c’était pour les autres. Nous ne pourrons y échapper mais nous refusons de nous y préparer.
Alors forcément lorsqu’elle arrive nous sommes surpris, effrayés, révoltés, faisons un tour de roller-coaster émotionnel, avant de nous résigner.
Le roi Bérenger passe par tous ces sentiments et nous avec lui.
Nous aussi nous nous disons que le moment venu (et qui peut-être demain, tout de suite ou dans très longtemps), nous aurons envie de faire l’école buissonnière, de redoubler notre vie car nous n’avons pas eu le temps de tout faire.
C’est un sentiment tellement humain.
Alors forcément à la fin de la pièce on se met à vraiment ressentir sa respiration, à la savourer, on pense à ce miracle inouï qu’est le fait d’être en vie.
On risque le vertige en regardant tout ce que ce miracle permet et la chance que l’on a d’avoir cette vie si facile et si heureuse. On se dit qu’on n’a pas le droit de gâcher ça et que penser à la mort – en plus d’en apprivoiser un peu l’idée – n’est qu’un moyen de mieux regarder la vie et les petits morceaux de bonheur qui l’émaillent.
Merci Mr Bouquet pour cette leçon de vie.
Un petit aperçu de notre petite fête improvisée en sortant du théâtre. Parce que c’est là que notre vie a changé il y a trois ans ♥♥♥
Et une petite chanson de circonstance. Merci Mr Souchon!
bon anniversaire de rencontres!
bravo pour ton écriture très poétique pleine de saveurs
Merci pour ce gentil mot qui m’a fait repenser à Michel Bouquet, à cette pièce et m’a refait réfléchir. Dieu que c’est bon d’être vivant!