Ma saison 2015-2016 de spectacles vient de s’achever sur une étoile filante d’une beauté à couper le souffle.
« La nuit transfigurée » de Anne Teresa de Keersmaeker ne dure que 45 minutes, mais ce sont 45 minutes extraordinaires que j’ai passées en quasi apnée, subjuguée que j’étais devant le couple de danseurs.
Le travail de Anne Teresa de Keersmaeker est sans doute le plus imprévisible et le moins « accessible » pour lequel je prends chaque année – quasi religieusement – des places.
Mr Papillon redoute toujours un peu ces représentations car parfois le ballet est presque classique (enfin néo-classique, tel « Rain » qui fait partie de nos ballets favoris et que je réserve à chaque fois qu’il est à l’affiche de l’Opéra de Paris) et « compréhensible, parfois il est tellement épuré et intellectualisé que le néophyte passe à côté et se demande ce qu’il fait là.
Il n’aura pas vu « La nuit » pour cause de contrainte boulot, et c’est dommage, il aurait adoré ce ballet.
J’ai eu l’impression de regarder une histoire d’amour se dérouler à l’envers, allant de la rupture et l’indifférence à la rencontre et les élans passionnés des débuts.
J’ai senti une tension et une certaine violence dans le début du morceau, qui se sont petit à petit muées en douceur, en tendresse puis en passion, pleine d’énergie et de sensualité.
Mais je me trompe peut-être d’histoire, les ballets de Anne Teresa de Keersmaeker n’ont pas de livret comme les ballets classiques, ils laissent plus de part au ressenti et à l’interprétation personnelle.
Mais peu importe l’histoire, Holly et moi avons adoré ce ballet, la splendeur de la musique, l’élégance et l’énergie des danseurs, ce ballet est un concentré de beauté, de cette beauté qui soigne, qui rappelle qu’il y existe des choses et des instants qui surpasseront toujours les horreurs du monde.
En fait je crois que ce fut le point commun des trois derniers spectacles de notre saison.
Début Mai nous avons découvert Natalie Dessay sur scène dans un rôle théâtral et non chanté pour « Und » de Howard Barker.
Nous sommes sortis du Théâtre des Abbesses sans être sûrs de ce que nous venions de voir: les divagations d’une femme schizophrène ou bien le récit d’une traque atroce. Mais peu importe, le texte est beau, intelligent, souvent drôle, et son interprète est magnifique.
Le décor, fait essentiellement de feuille de glaces accrochées au plafond, fondant sous la chaleur des projecteurs et finissant par s’écraser bruyamment sur le sol, tout autour de Natalie Dessay perchée sur une petite estrade. Magnifique, spectaculaire et un peu effrayant.
Je crois que la pièce est en tournée, si elle passe dans votre ville allez la voir, Natalie Dessay y est magnifique!
Mi-Mai nous avons retrouvé la troupe du Tanztheater Wuppertal pour « Agua », oeuvre euphorique et euphorisante de la grande Pina Bausch.
Plus encore que d’habitude ce ballet est rempli d’humour et de la délicieuse loufoquerie que Pina Bausch instillait à ses créations.
En ces temps de déprime météorologique, d’horreur quotidienne dès que l’on écoute les infos ou suit l’actualité du monde, cette escapade brésilienne offerte par la troupe du Tanztheater fait un bien fou, la bonne humeur des danseurs est contagieuse et c’est avec un grand sourire que l’on rentre chez soi, le coeur et la tête au soleil.