Je viens de refermer « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan et je ne sais pas si je viens de lire un document, un roman policier, un roman d’aventure ou une saga familiale.
Un peu tout cela peut-être.
A la recherche de Lucile…
Si vous interrogez les gens au sujet de leur famille, je crois que la plupart répondront que leur famille est tout ce qu’il y a de plus ordinaire et sans histoire. Une famille normale quoi.
Et puis si vous creusez un peu vous allez découvrir que cette famille n’a absolument rien d’ordinaire, qu’elle porte en creux ou en reliefs les traces de ses drames, de ses grands événements marquants, de ses êtres à part, de ses êtres pas si ordinaires.
C’est exactement ce que Delphine de Vigan écrit dans un style dont je suis tombée amoureuse en trois ligne dans « Rien ne s’oppose à la nuit ».
On lit son roman inspiré de son histoire familiale comme un très bon roman policier ou d’aventure: on veut connaître la suite, on veut savoir ce qui arrive aux héros, on veut découvrir les secrets que l’on nous cache au cours de l’enquête. On veut tout savoir de cette histoire de famille.
Et l’air de rien on se prend sa propre famille dans la tronche, les secrets de sa famille, les chagrins, les non-dits, les schémas qui se reproduisent, les « malédictions familiales », les héros de la famille, les fantômes charismatiques, les morts partis trop tôt, les disputes, les grandes fâcheries, les beaux souvenirs et leur lumière toujours si particulière.
C’est unique et particulier, et en même temps c’est totalement universel. Nous venons tous de là et c’est ce que nous transmettons immanquablement à nos enfants ou entourages familiaux.
J’admire le courage et la ténacité de Delphine de Vigan de s’être lancée dans une telle entreprise, dans une telle recherche. Évidemment tout cela n’est que de la fiction, mais cela sonne tellement juste et tellement vrai que l’on devine ce que son roman a pu bouleverser dans son entourage. Étonnamment et même si elle secoue, la lecture de son roman fait du bien, elle nous permet de voir la richesse de nos héritages familiaux (même s’ils comportent un certain nombre de casseroles et cadavres dans le placard).
Son livre bouleverse aussi, les dernières pages m’ont noué la gorge… Ce qu’elle écrit résonne tellement fortement, ramène des images et des souvenirs.
Si vous n’avez pas encore lu ce très beau texte, faites-le.
Je crois que c’est Géraldine qui a écrit qu’il y avait ceux qui avaient aimé ce livre et ceux qui ne l’avaient pas lu. Je suis entièrement d’accord avec elle.
La lecture de ce livre m’a bouleversée. J’ai lu la fin à travers un brouillard de larmes, mais au fond, ça ne parle que d’amour…
Effectivement, je ne connais personne à ce jour qui l’ait lu sans l’avoir aimé ce fichu bouquin !!
Je me souviens l’avoir terminé dans un TGV de retour de Genève, je lisais et je pleurais, j’étais bouleversée. Et toi, tu as la perspective de te régaler de son écriture fluide et déliée, de son sens de l’intrigue en lisant son dernier opus « D’après une histoire vraie ». Je serais presque jalouse….
Je l’ai lu il y a quelques temps déjà et suis partagée sur ce livre comme je l’ai écrit (http://www.niftyfifty-and-the-city.com/delphine-de-vigan-rien-ne-soppose-a-la-nuit-une-mere-vue-par-sa-fille/), livre qui ne m’a pas bouleversée contrairement à beaucoup. On trouve tout de même en ligne pas mal d’informations sur la famille de l’auteure qui illustrent son texte et prouvent que c’est moins une fiction qu’une autofiction. Le point de vue parfois « idyllique », ou tout du moins elliptique, de l’écrivaine sur ses grands-parents qui m’a beaucoup gênée. Le récit aurait mérité un peu plus d’indignation. Et on sent (mais on va me trouver injuste, je le sais) un formatage « best-seller ».
Dans le registre, « famille je vous hais », il y a les ouvrages de Lionel Duroy. Si Vertiges m’avait agacée (http://www.niftyfifty-and-the-city.com/lectures-de-rentree-irritants-vertiges-roman-de-lionel-duroy-et-catherine-millet/), « le chagrin » est prenant et plus juste à mon sens que le livre de D. de Vigan.
Chacune ses goûts de toute façon!
Bonne fin de semaine.
J’ai beaucoup aimé « le chagrin » (qui rappelle un peu » Rien ne s’oppose à la nuit ») bien que la haine de Duroy (qui est cité par de Vigan dans » D’après une histoire vraie », d’ailleurs, name dropping bonjour) envers sa mère et son indulgence envers son loser de père m’aie choquée.
La suite qui s’appelle « Colères » qui raconte les conséquences(desastreuses) de ce premier opus sur sa famille et le terrible rejet de son propre fils,donne juste envie de tuer Lionel Duroy,ce type est exaspérant! Je comprends ses proches qui le haïssent!
Néanmoins « Le chagrin » est une super auto fiction, je le conseille.
Je ne peux que te conseiller de dévorer la « suite » qui vient d’être primée par le Renaudot d’ailleurs: « D’après une histoire vraie « ,un Misery français très palpitant et intrigant.