Pina, fois 2

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Cette année nous sommes très gâtés: trois spectacles de Pina Bausch au lieu d’un (après « Two cigarettes in the dark » en début de saison).
Malgré mon retard dans la prise des places j’ai réussi à en avoir pour « Nelken* » en plus de « Fur die kinder… » pris dans le cadre de notre abonnement au Théâtre de la Ville.
Les affiches de Nelken ont forcément attiré votre regard si vous les avez croisées dans le métro: une femme très élégante vêtue d’une simple culotte blanche et jouant de l’accordéon marche dans un champ d’œillets roses.

Image sublime et saisissante qui relate bien toute la poésie de cette œuvre magistrale de Pina Bausch mais n’en montre pas la loufoquerie qui fait tant rire le public.
Parce que c’est cela Pina Bausch: vous faire passer d’un vrai grand rire d’enfant devant ses danseurs qui se prennent pour des lapins bondissant parmi les œillets aux larmes devant un final d’une grâce incroyable.

Avant cela Pina et sa troupe auront enseigné au public à s’étreindre, créant dans la salle une sorte de happening fraternel suivi d’applaudissements de la salle debout, saisis que nous étions pas tant de générosité.
« Nelken » n’est pas un simple spectacle, c’est une messe fraternelle, une jolie communion humaine, aussi drôle et tendre que cynique et parfois cruelle. Pina n’aime rien tant que rire de nos travers et défauts.

« Pour les enfants d’aujourd’hui, d’hier et de demain » n’a rien à voir, si ce n’est que là aussi l’esprit de troupe est palpable, que l’on en apprend un peu plus sur les artistes de la troupe, et qu’ils s’amusent avec nous. Mmmm, œuvres différentes mais sœurs finalement, on sent que c’est le même sang qui les anime.
Un grand décor blanc solide mais qui bouge gracieusement, de magnifiques tableaux dansés en solo ou en petits groupes entrecoupés de scènettes comme Pina Bausch en a le secret, c’est cela « Pour les enfants ».

Le choix des musiques est particulièrement travaillé, on sent que les différents morceaux sont là pour nous faire comprendre cette histoire qui est définitivement la notre.

Nous aussi nous dansons et nous agitons pour oublier que nous vieillissons et pour garder bien vivant notre enfant intérieur. Parfois il nous échappe et nous nous mettons à faire les fous, parfois il nous émeut profondément. Parfois nous oublions qu’il est là et devenons un peu sinistres, un peu cruels, souvent ridicules.
Les personnages ne sont pas toujours tendres, loin de là, mais ce sont de vrais humains, tous une petite facette de ce que nous sommes.

Nous sommes restés longtemps debout à applaudir cette troupe magnifique qui venait de nous montrer combien notre humanité est riche et passionnante.
Les œuvres de Pina Bausch me laissent bien souvent dans un état émotionnel particulier, un peu comme le fait l’écoute des œuvres de Mozart

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* Nelken = les oeillets

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