Quelle adolescente n’est pas tombée amoureuse de James Dean en regardant les photos tirées de « La fureur de vivre »?
Laquelle n’a pas rêvée d’un amoureux ayant les mêmes yeux doux et rêveurs, le même sourire narquois et tendre, la même coiffure que le beau James, un blouson rouge sur un t-shirt blanc impeccable et la petite Porsche décapotable de l’inoubliable héros de « La fureur de vivre ».
Il y a quelques semaines le Mac Mahon proposait de passer le week-end avec la délicieuse Natalie Wood.
Torride et provocante dans « Propriété interdite« , charmante et paumée dans « La fureur de vivre ».
Que l’adolescence est dure et cruelle!
Qu’il est terrible et douloureux d’avoir 17 ans, des aspirations d’adultes mais des rêves d’enfant plein la tête encore.
Qu’il est cruel de découvrir la petitesse et les renoncements d’une vie d’adulte, l’humanité simple de nos parents et toutes les failles qui l’accompagne, les règles si dure de la société…
Les États-Unis des années 50 ou l’Europe d’aujourd’hui, on sort du film en se disant que rien ne change. Passer de l’enfance à l’âge adulte est une étape compliquée, douloureuse, cruelle. Universelle.
Tout comme l’est la difficulté d’être les parents d’adolescents. Les parents sont aussi perdus que leurs enfants, totalement à l’Ouest.
Comment accompagner des enfants qui s’échappent?
Comment donner à un cadre à des adolescents dont les doutes, les aspirations, l’énergie et les corps débordent?
Comment répondre à leurs questions quand on a soi-même renoncé à recevoir des réponses?
Mission impossible. Partie perdue d’avance.
Et puis parfois survient l’exceptionnel, le dramatique. Et certains se révèlent.
J’avais oublié à quel point ce film était moderne et juste.
Si Nicholas Ray pose un regard critique sur la jeunesse, c’est avant tout pour dénoncer les vrais coupables : les adultes. Démissionnaires ou défaillants, on assiste à un véritable éclatement de la cellule familiale. Le père « émasculé », qui porte le tablier de sa femme et se soumet à l’autorité de cette dernière, perd le respect de son fils, qui se retrouve alors sans référence, sans modèle pour sa vie future.