J’avais eu la joie de découvrir le travail de Maurice Béjart et le talent du Ballet de Lausanne il y plusieurs années.
Impossible de me souvenir précisément de ce que j’avais vu ce soir-là, à part bien sûr le célébrissime « Boléro ».
Comment oublier le « Boléro » de Maurice Béjart? Une telle perfection sensuelle…
Mais revenons à ce spectacle-ci: le Ballet de Lausanne célèbre ses 25 ans par une tournée européenne.
Passage obligé à Paris pour la compagnie, j’ai donc acheté des billets en Juin l’année dernière pour être sûre d’avoir des places. il fallait que Mr Papillon découvre le travail de Maurice Béjart qui ne ressemble à rien de ce qu’il a vu jusqu’à présent.
Il a vu beaucoup de classique très très très classique, de la danse contemporaine dans ce qu’elle a de plus moderne, épuré, poussé à l’extrême, mais ce qui existe entre les 2, et bien il n’en a pas vu grand chose. Le « Caligula » de Nicolas Le Riche peut-être, mais c’est à peu près tout.
Chez Béjart on sait, on sent que l’on vient de la danse classique. On sent que les danseurs et leur chorégraphe la maîtrisent à la perfection pour mieux s’en éloigner, s’en affranchir et n’en garder que la perfection du geste, l’élégance d’une pointe de pied ou d’un porté éblouissant.
Le programme de vendredi soir comportait deux pièces de Béjart et une pièce de Gil Roman, le successeur de Maurice Béjart à la tête du Ballet.
Dionysos (suite) – premier ballet du spectacle – raconte l’histoire de Dionysos, nous parle et danse la Grèce d’hier et d’aujourd’hui, la Grèce des dieux et légendes.
Étonnant de se retrouver en Grèce, à célébrer la vie, la fête, le partage alors que les seules choses que nous entendons au sujet de ce joli pays depuis 2 ans est un ramassis de clichés négatifs en tous genres.
Cela fait du bien de soudain associer la Grèce à l’énergie folle dégagée par cette pièce qui va crescendo et termine dans une explosion de vie.
La danse se fait charnelle, vivante, euphorisante.
J’ai trouvé de beaux extraits sur You Tube, je partage!
La deuxième œuvre était « Aria », de Gil Roman, ou le mythe du Minotaure revisité.
Si j’ai trouvé l’idée intéressante et l’œuvre plutôt réussie, elle n’a clairement pas la maîtrise ni l’épure des œuvres de Béjart. Son auteur en est plus jeune, moins expérimenté, rien de plus normal.
J’aurais aimé un mythe plus « digéré », moins littéraire, moins détaillé dans son récit, plus dépouillé.
Mais « Aria » a un charme manifeste, de très beaux tableaux sensuels, audacieux (notamment dans le choix musical qui n’était pas sans rappeler Merce Cunningham), très techniques pour les danseurs.
L’interprétation était belle, impeccable. Il n’y a donc qu’on peu de travail de coupe à effectuer, enlever le « trop » comme le font souvent les plus grands couturiers à la veille d’un défilé. Incontestablement Gil Roman gardera les bases de ce que le maître Béjart lui a transmis, mais il saura aussi s’en éloigner, il y a dans son œuvre des mouvements qui font penser à Cunningham, à De Keersmaeker… les danseurs du Ballet de Lausanne ne sont pas près de s’ennuyer avec un tel chorégraphe à leur tête!
Et puis clou du spectacle, l’inoubliable, l’insurpassable « Boléro » (dansé par un homme ce soir-là).
Ce morceau est unique. Les danseurs dansent la musique, on a l’impression de voir une incantation à tous les dieux du ciel, d’hier et d’aujourd’hui.
On se retrouve en Egypte antique, à moins que ce ne soit chez les Mayas, ou serions-nous revenus dans le labyrinthe du Minotaure? Difficile à dire tant on est hypnotisé par cette danse vitale.
Mr Papillon a un petit peu regretté que ce divin « Boléro » soit interprété par un homme mais il a compris et senti d’où venait la légende.
Tant que ce « Boléro » sera sur scène nous serons là pour venir l’applaudir!
Je l’ai trouvé dansé par Sylvie Guillem… peut-on rêver meilleure interprète?
Guillem, là où elle est géniale, dans le boléro, je trouve, c’est que ce qu’elle dégage est à la fois « homme et femme » (ce que souhaitait très certainement Béjart de la part de l’interprète de cette merveille… Elle est le Jorge Donn – au féminin – de Béjart, à mon avis…..)
Ton billet exprime exactement mon impression des 3 ballets, tant pour l’énergie du premier que la complexité relative du second.
Quant au boléro, il reste effectivement mythique pour moi, j’ai eu la chance de le voir dansé par Nicolas Le Riche à Garnier, et je l’avais déjà vu interprété par Elisabeth Ros, j’espérais donc voir la prestation de Julien Favreau, admiré à plusieurs reprises dans Le presbytère n’a rien perdu de son charme (un autre de mes ballets préférés)..
désolée d’avoir été un peu longue pour mon premier commentaire 🙂
moi aussi j’avais vu le boléro par Elisabeth Ros!