Nicomède et Suréna

Non il ne s’agit pas des noms donnés par Chloé ou Givenchy à leurs nouveaux sacs à main ni du nom de nouvelles molécules magiques qui font maigrir en mangeant des macarons.

Il s’agit des titres de deux œuvres de Pierre Corneille. Tout simplement. Du théâtre français dans ce qu’il a de plus classique.

Dans des mises en scène qui ne le sont pas du tout.

Elle est signée Brigitte Jacques-Wajeman cette mise en scène, et elle est fantastique.
Elle dépoussière les œuvres et leur donne une modernité et une actualité redoutables.

Un peu d’histoire pour commencer: les 2 pièces se déroulent dans la Rome antique.
Ou du moins sous la Rome antique car les actions se passent dans les actuels Turquie et Iraq et les 2 héroïnes sont arméniennes. Assez loin de Rome donc, mais dans les profondeurs de l’empire romain.

Et s’il est question d’amour (contrarié) dans les 2 tragédies, il y es surtout question de pouvoir, de puissance et de politique. Et c’est passionnant!

Comment Rome joue le chaud et le froid avec ses « alliés » pour les garder satisfaits tout en les gardant sous sa coupe et sa dépendance. Comment ces rois « alliés » font contre mauvaise fortune bon cœur et essaient de rester maîtres en leurs royaumes malgré tout.

Terriblement actuelles ces histoires de rois tout-puissants dont les peuples se révolte pour reprendre ses pouvoirs si mal acquis et si mal employés.
Tellement réelles ces histoires d’épouse qui profite de la faiblesse morale de son pantin de mari/roi pour taper dans la caisse, gérer ses petites magouilles et mettre leur rejeton (pourtant la cadet) sur le trône.

On reconnaît paraît-il les très grandes oeuvres à leur universalité et leur éternité.

Preuve en est faite ici.

La mise en scène maintenant…

Nous avons vu les 2 pièces le même jour, interprétées par la même incroyable troupe d’acteurs (la Compagnie Pandora). Dans le même décor, ou presque.

Un immense tapis persan dessiné au sol.
Une gigantesque table occupant tout le centre de la scène. Quelques chaises ou fauteuils autour selon la pièce.

Et puis les comédiens qui « habillent » et « déshabillent » à loisir cette table. Une coupe de fruit, un vase et un bouquet de fleurs, un plateau couvert de verres ou de bouteilles d’alcool, des journaux…

Les comédiens ne sont pas vêtus à l’antique mais en vêtements de ville contemporains. Les costumes sont très beaux, très réussis et accroissent l’effet de contrastes avec le texte classique… en alexandrins bien sûr.

Je craignais que 2 pièces (de 2 heures chacune) de Corneille dans la même journée ne nous fatigue ou ne nous lasse.
Il n’en fut rien, nous avons quitté le théâtre des Abbesses enchantés, enthousiasmés par ce que nous avions vu et heureux qu’une telle création existe.

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« Nicomède » & « Suréna »
Pierre Corneille et Brigitte Jacques-Wajeman
Théâtre des Abbesses jusqu’au 13 février 2011

Une réflexion sur “Nicomède et Suréna

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