La pièce commence par un sursaut de l’assistance lorsque ce qui paraît être un mannequin s’anime soudainement et se lève brusquement.
Nous sommes dans un petit appartement de banlieue encombré d’objets amochés, de vieux livres, de vieilles photos, de souvenirs… de spectres.
Louisiane y vit avec Rose, sa mère. Un huissier est présent pour opérer une saisie avant une probable expulsion.
Les deux femmes vivent quasi recluses, enfermées dans les souvenirs de Rose, en 1943, année où son frère est mort exécuté par des miliciens.
Si Louisiane est une petite souris effrayée face à l’huissier qu’elle essaie d’amadouer, Rose nous apparaît perturbée (c’est le moins que l’on puisse dire!) avec ses références constantes au maréchal Pétain (devenu Putain et représenté d’une manière aussi hilarante que terrifiante), Darnand (dont Rose pense que l’huissier est un envoyé… pauvre huissier, il le paie cher!) et les habitants du village d’origine de la famille.
Puis la grand-mère entre dans la danse et l’on découvre toute l’horreur que fut la guerre pour ces trois générations de femmes. Aucune d’elle n’a connu l’horreur des persécutions connues par les Juifs ou l’ignominie des camps de concentration, mais elles ont connu l’abomination de la guerre et les cicatrices ne se sont jamais refermées.
Zabou Breitman interprète les 3 femmes, donnent vie à leurs souvenirs, à leurs démons, les fameux spectres.
Elle se prête à ce difficile exercice de manière impressionnante: légère, drôle, intelligente, émouvante, surprenante. Le sujet est pour le moins douloureux et délicat mais elle parvient à nous faire rire autant qu’elle nous émeut.
Cette pièce entre dans la même catégorie qu’ « Inconnu à cette adresse« : des textes qui nous parlent d’aujourd’hui en abordant le sujet de notre histoire récente.
Dans 10 jours nous allons voir « Anne Frank« , nous continuons notre travail de mémoire…
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La Compagnie des Spectres
Théâtre de la Gaité Montparnasse
Jusqu’au 6 Janvier 2013