Une soirée avec Méphistophélès

Le 28 septembre dernier avait lieu l’un de mes événements favoris de l’année: la début de la saison culturelle 2011-2012.
Chaque année à la rentrée je trépigne et tape du pied en attendant la soirée où nous retournons à l’opéra ou au théâtre.

Cette année notre saison a commencé tard, mais elle a commencé en fanfare: avec Roberto Alagna interprétant Faust.

Ne connaissant pas grand chose de l’opéra et encore moins de ses interprètes, je fais comme tous les néophytes: je commence par les noms connus, les interprètes que j’ai entendus en  interview à la radio, que j’ai entendu chanter dans ma CD-thèque.
Le jour où mon oreille sera plus exercée et où je serai mieux documentée sur l’opéra et ses interprètes, je serai capable de découvrir plus de choses.
Pour le moment j’apprends.

Lorsque nous avons reçu le programme de la saison 2011-2012 de l’Opéra de Paris en juin dernier je me suis empressée d’éplucher tout le livret pour y sélectionner 6 spectacles.
Davantage devient absolument ruineux. Il faudrait que je me remue le postérieur et vous fasse un petit billet listant tout ce que nous allons voir cette année, il devrait y avoir beaucoup de belles choses et une infinité de choses intéressantes.
En haut de ma liste: « Faust »

Mais revenons à nos moutons: le « Faust » de Gounod, mis en scène par Jean-Louis Martinoty et dirigé par Alain Altinoglu.
Dans les rôles titres: Roberto Alagna est Faust, Paul Gay Méphistophélès, Inva Mula interprète Marguerite et Tassis Christoyannis Valentin.

Je ne saurais vous donner un avis éclairé sur la qualité vocale des artistes, je sais juste que j’aime la modernité de la voix d’Alagna, que nous avons adoré l’interprétation de Paul Gay, absolument parfait dans le rôle d’un Méphisto cajoleur et létal. J’ai trouvé l’interprétation d’Inva Mula très belle, mais ne suscitant pas spécialement d’émotions fortes (mais je pense que nous frôlons l’intime en la matière, il y a sûrement des gens pour qui ce fut l’opposé).


Ce qui m’a le plus marquée en fait – juste après la beauté des voix masculines – c’est la très audacieuse mise en scène de Jean-Louis Martinoty.
C »est bien simple, je me suis dit que cette mise en scène était digne des œuvres présentées au Théâtre de la Ville, et dieu sait si les metteurs en scène présentés ont l’imagination fertile et de l’audace à revendre!

Et cette mise en scène est servie par des décors époustouflants, comme seul l’opéra sait encore en utiliser.
Une bibliothèque gigantesque éparpillée par la damnation de Faust, la religion catholique omniprésente et omni-oppressante, des monstres de carnaval, une guillotine… tels sont les instruments d’une mise en scène qui a choqué une partie du public très conservateur de l’opéra (plutôt installés à l’orchestre… sans surprise donc) mais qui nous a nous – habitué à du théâtre très contemporain et qui aime parfois choquer – enthousiasmés.

Et puis le mythe de Faust est éternel: à l’époque du Botox et du Viagra, que faisons-nous d’autre à part courir après notre jeunesse qui s’envole et chercher à séduire le plus de jolies femmes possibles, peu importe les conséquences. Faust donne son âme au diable pour un peu de plaisir immédiat et rapide, pour une jeunesse soit disant synonyme de pouvoir, de richesse et de plaisir.
Les grands mythes sont décidément éternels.

Il n’y a plus de places disponibles pour assister aux représentations, mais « Faust » sera visible ce soir dans certaines salles de cinéma, et sur France 3 à partir de 20h35, avec un différé d’une heure donc. Je ne peux que chaleureusement vous encourager à le regarder.

3 réflexions sur “Une soirée avec Méphistophélès

  1. Miss Nahn,
    merci pour ce billet et pour le ‘tuyau’, nous avons pu nous plonger avec délice dans la retransmission télévisée grâce à vous.

    J’approuve quasiment toutes vos remarques et impressions. Clairement, l’inventivité de la mise en scène sert au mieux les intentions de Gounod et de son librettiste (et au diable les puristes arc-boutés sur leurs convictions passéistes, parfois).

    J’espère que mon précédent ‘commentaires’ au sujet de Repetto ne vous avait pas semblé trop ‘dur’ ou ‘judgemental’…

    J’ai perçu, il me semble, beaucoup de sensibilité au travers de vos publications, et somme toute, le monde a besoin de gens privilégiés et conscients de l’être, qui sont alors à même d’aller vers ceux que l’itinéraire de la vie a moins gâtés, et qu’une main tendue pourra aider au moment opportun.

    A Toulouse, un magnifique opéra, quoique de dimensions modestes, nous offre le ravissement de spectacles exubérants ou austères, touchés par la grâce ou moins, mais toujours digne d’intérêt… ou presque.
    Je suis tout à mon enthousiasme, mon Amoureux m’a emmenée admirer Tosca mardi, et tout confinait au sublime, la perfection du jeu des interprètes prêtait un soupçon de magie à cet opéra.

    ….

    Bonne saison ‘culturelle’ !

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