L’audition au théâtre Edouard VII

On se donne parfois des objectifs un peu étranges dans l’existence. Des choses sans importance, sans conséquence, mais dont on se dit que – quand même – si on les atteignait, ce ne serait pas si mal.
L’un de mes petits objectifs sans importance était de voir Jean-Pierre Marielle un jour sur scène. Peu importe le spectacle, pourvu qu’il soit sur scène.

Pourquoi ?

A cause de Philippe Noiret et Jean Rochefort que j’ai eu l’occasion (et l’immense chance) de pouvoir applaudir.
Cela fait partie de ces immenses joies minuscules qui émaillent ma décennie parisienne.

Philippe Noiret c’était il y a 8 ou 9 ans, au Théâtre de l’Atelier, avec l’indispensable Philomène. « L’homme du hasard » de Yasmina Reza. Je crois que c’était Anouck Aimé qui lui donnait la réplique.
Cela fut l’un de mes premiers émerveillements dans un théâtre parisien. Un décor dépouillé, un très beau texte, deux immenses comédiens…

Jean Rochefort, c’était plus récent, une période de grève, et la crainte terrible de ne pas réussir à atteindre le Théâtre de la Madeleine à temps. L’indispensable Philomène toujours (nous avons un chouette palmarès théâtral toutes les 2, que de plaisir et d’applaudissements partagés !!).
Rochefort était seul en scène avec un musicien, face à l’insupportable public de la Madeleine (vieux, coincé, sourd et mal élevé). Ses imitations de bestioles nous ont tiré des larmes de rire, sa jolie lecture du genre humain et de ses petits travers des applaudissements extrêmement nourris.

Il ne manquait donc que le 3^ème grand duc…

Lorsque j’ai appris que Marielle allait être à l’affiche d’une pièce cette rentrée, j’ai raconté ma petite histoire à Mr Papillon et lui ai dit que je voulais absolument voir cette pièce.
Peu importe le sujet et ses partenaires, je veux le voir lui.
Il réciterait l’annuaire que cela me serait égal (oui, oui, à ce point là !).

Les semaines ont passé et je ne me suis occupée de rien. Trop de boulot, trop de stress, trop de fatigues… Et j’ai commencé à me dire qu’il serait bien que je me secoue.

L’email de ma copine Véro me disant qu’elle irait bien au théâtre m’a complètement réveillée.

En trois clics nos places étaient réservées et voilà comment nous nous sommes retrouvés un samedi après-midi au 5^ème rang de l’orchestre du théâtre Edouard VII, entourés d’un public d’un certain âge et ravis de la bonne surprise d’être relogés à de si bonnes places, nous qui devions être au balcon !

Ca raconte quoi « L’audition » ?

Et bien ça raconte une audition. Pas très classique ni conventionnelle, mais une audition.
Elle est jubilatoire, je ne vous en dit donc pas plus, il faudra aller en juger par vous-même.

Sur scène Jean-Pierre Marielle donc, Audrey Dana et Manu Payet, accompagnés de 3 excellents autres comédiens dans les rôles secondaires.

Roger Dumas dans le rôle du diable notamment nous a bien surpris et beaucoup amusés.
Et les bas de mademoiselle Kim Thiriot vont probablement troubler plus d’un homme…

Les trois comédiens principaux sont excellents.
Quel plaisir que d’entendre la voix de jean-Pierre Marielle  sans le filtre d’un écran (fut-ce dans l’un de ses meilleurs films).
Audrey Dana est délicieuse dans son rôle d’intellectuelle séductrice-mais-pas-trop (des fois que ça se voit). Elle se montre toute en nuance, tantôt légère, tantôt plus grave et distante.
Mais la vraie très bonne surprise de la distribution c’est Manu Payet. Nous le connaissions de nom mais n’avions absolument rien vu de lui et n’avions aucune idée de son registre.
Je crois que sa découverte m’a fait à peu près le même effet que la découverte de Xavier Gallais dans « Ondine » (Mlle Casta aucun intérêt, par contre le prince charmant pas si charmant…).

D’ailleurs, en parlant de ça et pendant que nous sommes debout, il est où Mr Gallais ???
Parce que je n’ai vu son nom nulle part depuis Woody Allen, et ça commence à dater.
Note pour plus tard, lancer une recherche.

Manu Payet donc. Drôle, subtil, charmant, frais. Il capte la lumière, les planches et le public. Jolie performance pour une première fois au théâtre.

La pièce se joue au théâtre Edouard VII jusqu’au XX mai, courez-y !!