Paris, un week-end d’Août écrasé de soleil et de chaleur. Désert.
L’un de mes moments préférés de l’année, ces quelques jours d’Août où c’est le plein été, il fait beau, chaud et les Parisiens ayant quitté la ville, elle est à vous, tout à vous, rien qu’à vous.
Un cadeau fabuleux que me fait ma ville préférée.
Sur les conseils de ma N+2 et de son mari (rien à voir avec la choucroute mais cette femme et sa famille sont les gens les plus gentils du monde. Ils sont tous les 4 totalement adorables. Une famille idéale…) nous avons passé notre samedi aux Musées des Arts Décoratifs.
Nous avons commencé par l’un de ces endroits méconnus mais tellement fous dont Paris recèle et qui sont de vrais trésors: l’hôtel particulier Nissim de Camondo.
L’histoire de cette famille et de son hôtel particulier est originale, exceptionnelle et tragique.
Le 61 de la rue Monceau a connu trois générations de De Camondo, famille aujourd’hui éteinte, emportée dans l’horreur du camp d’Auschwitz.
Nissim de Camondo – premier du nom – banquier turc richissime fit construire le premier hôtel particulier en pleine période haussmannienne et commença l’incroyable collection d’art réunie sous son toit.
Son fils Moïse prendra tous les flambeaux: banque, collection d’art et hôtel particulier. Il délaissera la première, se contentant de gérer son immense fortune en bon père de famille avisé, fera fructifier la seconde en se concentrant sur l’art français du XVIIIème siècle et fera raser puis reconstruire le dernier, en gardant la façade classique mais adaptant l’intérieur au confort moderne (le premier ascenseur privé de Paris y est installé ; des salles de bain hygiéniques et confortables y furent construites ; la cuisine ferait rêver n’importe quelle cuisinière moderne avec son incroyable rôtissoire électrique).
Moïse eut deux enfants: Nissim et Béatrice.
Nissim mourut en héros de guerre, au combat en 1917, brisant le cœur de son père qui décida à ce moment là de léguer son hôtel particulier et sa collection au musée des arts décoratifs, exigeant simplement qu’il soit nommé après son fils. C’est ce qui se produira en 1936, après son décès en 1935.
Béatrice, son mari et ses deux enfants seront raflés en 1942, enfermés à Drancy avant d’être déportés à Auschwitz dont ils ne reviendront pas.
Le « musée » est merveilleusement fait car à tout instant on s’attend à voir surgir Moïse de Camondo dans l’un des salons ou dans son bureau. La salle à manger est prête pour un festin, les cuivres brillent dans la cuisine, prêts à permettre la confection des mets les plus fins, les baignoires attendent d’être remplie pour un bon bain chaud.
Jamais je n’aurais rêver vivre dans un tel lieu, mais venir y dîner, y croiser peut-être les amis de Downton Abbey venue en visite de courtoisie, eux et leur troupe de domestiques zélés qui nous laissent imaginer ce à quoi ressemblait la vie des grandes familles au début du XXème siècle, alors là oui. J’imagine Moïse de Camondo cultivé, intelligent, curieux de tout, généreux, bref quelqu’un avec qui j’aurais adoré discuté pendant quelques heures…
Place à la visite!
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