Issermann et Pellegrin à la MEP

« No photography » Paolo Pellegrin. Source photo: La galerie de l’instant

Lorsque j’ai lu dans le Daily Elle que l’expo de Dominique Issermann à la MEP était prolongée de quelques jours j’ai aussitôt envoyé un mail à Mr Papillon en lui disant qu’il fallait que nous y allions pendant le week-end.

Dimanche matin nous avons donc été voté puis avons filé direction Le Marais et sa merveilleuse maison consacrée à la photographie et aux photographes.
Nous nous attendions à une queue conséquente et agaçante. Que nenni, nous devions être une dizaine dans le bâtiment, des conditions de visite parfaites!

Nous avons expédié l’expo consacrée à Dominique Issermann assez vite. Malheureusement.
Issermann et Casta c’est une longue histoire d’amour entre une photographe et un modèle, j’attendais donc beaucoup de cette séance dans les termes de Vals, dans la rencontre de ce lieu aux lignes et aux matières brutes et le corps de Mademoiselle Casta.

Mais j’ai trouvé tout cela facile, téléphoné, terriblement convenu. Caricaturalement séance photo pour Vogue.

C’est beau, hein, mais tout cela est trop lisse, trop parfait.

Soudain je rêve de vrai grain de peau, de grains de beauté, de muscles, de veines. Je rêve en fait du corps sublime et sculpté d’une danseuse.
Donnez-moi le corps de Marie-Agnès Gillot, Aurélie Dupont ou Sylvie Guillem.
Je ne viens pas à la MEP pour me dire que vraiment Laetitia Casta a un corps absolument parfait, de belles fesses ou de beaux seins. Pour ça je suis abonnée à Vogue et Elle.
Si je viens à la MEP c’est pour voir le sublime qu’un photographe peut faire sortir de l’imperfection ou de l’impact de la vie sur les Hommes. Je viens pour apprendre le regard magique des photographes sur le monde.

Et ça je ne l’ai pas trouvé dans ces clichés.

Par contre j’ai pris la claque photographique de l’année devant les clichés de Paolo Pellegrin.
Je ne connaissais pas ce photographe de l’agence Magnum, photo-journaliste émérite qui parcourt le monde de zone de guerre en zone de catastrophe naturelle (en passant par quelques tapis rouges ou réserves à stars aussi je crois – c’est aussi magnifique).
Sa vocation est de construire l’archive de notre mémoire collective, par des photos « inachevées » qui appellent la discussion et le dialogue.

La rétrospective comprend 200 clichés qui nous emmènent au Kosovo, en Thaïlande, au Cambodge, en Palestine, en Irak, à Guantánamo, à la Nouvelle-Orléans… j’en oublie. L’exposition nous fait faire un tour du monde de nos derniers conflits, de nos dernières catastrophes. De nos dernières ignominies, de nos derniers drames.

Je sais, tout cela n’est vraiment pas gai et ne fait pas forcément envie pour une exposition à aller voir un week-end.

Sauf que Paolo Pellegrin rend visible et regardable ce qui ne l’est pas.
Ses photos de toutes les horreurs de la guerre, des dévastations provoquées par un ouragan ou un tsunami sont belles. Vraiment belles.
Profondément humaines, sans camp, sans a priori, il fait juste apparaître de manière très forte la dignité des gens qu’il prend en photo. Il les rend beaux.
Point de jugement ou de pathos dans ces images, on les regarde toutes, sans jamais détourner le regard, mais avec une émotion très forte (et tellement nécessaire et saine devant ces images) et en se souvenant de ce qu’est une guerre (pas juste ces images sorties de jeux vidéos que nous balance la télévision) et d’à quel point nous ne sommes rien – vraiment RIEN – face à la nature.

Nous avons pris tout notre temps pour regarder ces photos, lire leurs légendes.
Les gens qui parcourent les salles de la rétrospectives sont attentifs, respectueux, concentrés.

Allez voir cette exposition (jusqu’au 17 Juin 2012), elle est indispensable!!!!!

PS: La rétrospective Paolo Pellegrin contient des images très dures, je la déconseillerais à des enfants. Et avec des ados préparez-vous à répondre à beaucoup de questions.
P.S 2: Arrêtez-vous regarder les vidéos Neuflize Vie, elles sont aussi déroutantes que géniales!

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