Prenez un photographe-réalisateur-touche-à-tout de talent.
Ajoutez une comédienne-réalisatrice-metteur-en-scène très douée.
Accompagnez d’un jeune comédien brillant
Et bien vous obtenez « Des gens », une pièce à courir voir au théâtre du Petit Montparnasse.
Le photographe-réalisateur un peu touche à tout de talent c’est Raymond Depardon. La comédienne-metteur en scène (elle a ici les 2 casquettes), c’est Zabou Breitman. Le jeune comédien brillant c’est Laurent Lafitte…dont je n’ai pas réussi à trouver un seul vrai portrait sur le net, damned!
Le sujet?
Pas facile. Potentiellement casse-gueule même.
Dans les années 80 Raymond Depardon a réalisé deux documentaires qui retracent le quotidien d’un commissariat de police et d’un hôpital psychiatrique.
Nous sommes bien avant la télé-réalité, Depardon signe des films sans aucun commentaire, sans jugement, les plus impartiaux possibles.
Il capture le quotidien d’individus à des moments souvent difficiles, souvent douloureux de leur existence.
Ce sont ces instants que Zabou Breitman met en scène et joue. A travers plusieurs scénettes elle nous emmène dans l’univers parfois très perturbé (et un peu perturbant) de quelques personnes (toutes les personnes existent bien) dont l’équilibre ou la vie tangue et bascule.
Les premières minutes de la pièce sont donc très déroutantes. Doit-on rire ou pleurer? Cet étalage de folie est troublant. Quelle réaction avoir face à ces personnes bonnes pour l’asile ou la prison?
Mais les comédiens sont parfaits et la mise en scène d’une grande finesse. Donc on rit, on s’angoisse, on se tait, on s’attriste, tout à la fois.
Raymond Depardon est un artiste humaniste. Zabou Breitman aussi. Cet amour des gens se sent à chaque seconde, chaque réplique de la pièce.
Allez voir cette pièce de toute urgence, c’est un petit bijou atypique, mais un très joli bijou qu’il faut voir.
Parce que 20 ans plus tard les choses n’ont pas changé.
I love stilettos 