« My blueberry nights » de Wong Kar-Wai

Il y a des films qui sont d’abord quelques notes de musique, celles que l’on entend pendant quelques secondes en regardant une bande annonce. Et rien que pour en entendre un peu plus on veut aller voir le film. Le morceau qui m’a donné envie de voir « My blueberry nights » c’est celui-ci:

Cat power – « Greatest »
envoyé par timanou76

Ensuite il y a eu les images, le merveilleux univers visuel de Wong Kar-Wai. C’est beau, raffiné, sophistiqué, minutieusement travaillé. Il suffit de regarder ce joli portrait de Norah Jones, il y a Norah, plus ravissante que jamais, mais il y a New-York aussi, l’énergie et le mouvement de la ville.

C’est ça le monde visuel de Kar-Wai. Ce film est un bijou d’esthétisme, jai presque envie de revoir certaines scènes image par image tant j’ai l’impression qu’il se fixe les mêmes règles que les danseurs classiques: on peut prendre une photo à chaque mouvement. Ce film semble être construit ainsi, chaque image peut être gardée pour faire une photo à mettre sous cadre et à accrocher dans son salon.

L’histoire: Elizabeth (Norh Jones, délicieuse) traverse une difficile rupture amoureuse, elle a le coeur en miette. Elle fait la connaissance Jeremy (Jude Law….totalement charmant, exactement comme on l’aime), jeune barman qui collectionne les clés abandonnées par leurs propriétaires.

Le courant passe, ils discutent de la destinée des desserts du bar et des malheurs de la tarte à la myrtille qui reste invariablement inmangée. Elle finit par avoir sa place réservée au bar. Et puis un jour elle disparaît.

« My blueberry nights » est un road movie. Pour se trouver Elizabeth a besoin de prendre la route et de se perdre dans les petites villes des Etats-Unis. Profession: serveuse. Cela aide à rencontrer du monde.

Elle rencontre un couple que trop d’amour et trop d’alcool ont fini par détruire. Il (David Strathairn, émouvant, boulversant) se consume dans l’alcool, elle (Rachel Weisz, sublime) s’échappe dans les bras de jeunes amants et essaie de décrocher de
l’alcool. Il en mourra, elle s’échappera définitivement, laissant derrière elle son coeur.

Elizabeth envoie des cartes postales à Jeremy, et continue sa route. Elle fait la connaissance d’une jeune joueuse de poker, désarmante de culot et de charme (Natalie Portman, parfaite, comme toujours) dont elle gagne la voiture (une sublime Jaguar si ma mémoire est bonne…à moins que ce ne soit une Aston Martin) et avec qui elle fait un bout de chemin…jusqu’au chevet de son père qui vient de mourir. Le duo est superbe et fonctionne très bien.

Et puis un jour il est temps de rentrer, elle s’est finalement trouvée….et pour la suite il faut aller voir le film.

Le film n’est pas parfait, il est un peu lent, mais je l’aime beaucoup, il rejoindra ma dvd-thèque, c’est certain. Sans doute parce que les jolies rencontres imprévues trouvent aujourd’hui un écho particulier en moi. Et que devoir se chercher longtemps avant de se trouver (voire « trouver » son autre) est quelque chose qui me parle et a du sens pour moi.

Merci Mr Kar-Wai pour ce joli moment de cinéma et de poésie.