« The Song » de Anna Teresa de Keersmaeker au Théâtre de la Ville

anne-teresa-de-keersmaekerÉtrange spectacle que celui vu mardi soir au Théâtre de la Ville.

Étrange parce qu’assister à spectacle de danse dans le théâtre où Pina Bausch – décédée le matin même – a si souvent présenté ses œuvres est forcément émouvant.

Surtout lorsque Anna Teresa de Keersmaeker est arrivée sur scène, visiblement très émue, pour prendre la parole et improviser quelques pas en hommage à Pina Bausch. Un très joli moment, plein de douceur et de poésie.

« Song » est ce que j’appelle un spectacle exigeant. Pour les artistes qui sont sur scène et pour le public.

Techniquement irréprochable ce spectacle nous oblige à pousser un peu plus loin nos capacités de vision et de «compréhension» – faute de meilleur mot, il s’agit d’absorption, d’intégration, d’imagination, d’acceptation dans notre imaginaire – d’un spectacle de danse.

Pas de musique sur une longue partie du spectacle, mais une bruiteuse brillante, une incursion rock très surprenante et rafraichissante, des imitations de chants d’oiseaux, des chansons à la guitare. Étonnant donc pour un spectacle intitulé « The Song ».

Sur scène la troupe de danseurs/acrobates/chanteurs est extraordinaire. Tous.

La chorégraphie est déconcertante. Elle alterne d’assez longs moments de course qui m’ont fait pensé à des scènes de chasse, de foot ou de rugby, de pêche, de ballet amoureux avec des solos, des duos, des pas de deux toujours pleins de grâce et d’énergie.

Le point commun entre tous ces tableaux ? Le mouvement et l’espace que les danseurs occupent totalement.

De la marche aux mouvements issus du ballet classique, on passe par une infinité de mouvements différents. Les danseurs rampent, ondulent, courent, se désarticulent, s’effondrent pour mieux rebondir, un véritable hommage à la danse dans sa forme la plus brute.

L’association de la bruiteuse qui claquette du pied, frotte, bruisse, froisse, fouette et des danseurs qu’elle accompagne démultiplie les effets des mouvements. C’est fascinant à regarder et entendre!

On argumentera que le spectacle présente quelques longueurs, pourrait sûrement être plus court. Peut-être, mais au final je l’ai trouvé très savoureux, innovant et intelligent.

Je n’ai pas tout compris, mais je ne suis jamais sentie stupide ou ignorante, mais au contraire qu’Anna Teresa de Keersmaeker laissait une grande porte ouverte à mon imagination et à mon prisme de compréhension.

Donc forcément tous les spectateurs irrespectueux et mal élevés qui ont quitté la salle pendant le spectacle m’ont mises hors de moi. Ces mouvements dans la salle pendant que des artistes sont sur scène m’insupportent et me mettent hors de moi. Ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas un spectacle ou qu’on ne l’aime pas qu’on est autorisé à manquer de respect aux autres spectateurs en les dérangeant et aux artistes en faisant du bruit pendant qu’ils travaillent.

Ce qui m’exaspère c’est que le Théâtre de la Ville est le seul théâtre de Paris où j’ai vu des gens faire ça. Après discussion avec Holly nous en avons conclu que rendre le théâtre financièrement accessible (avec un abonnement on est à 11-12€ la place) avait ouvert la porte à des gens mal élevés qui traitent des artistes comme ils traitent leurs DVDs dans leur salon : on en a marre, ça ne nous plaît pas, on s’en va.

Mais les amis, renseignez-vous avant de prendre vos places. Si vous pensez que vous n’allez pas aimer, n’acheter pas de billets ou acceptez l’idée que vous risquez d’être coincés 2 heures (mon dieu, 2h, quelle horreur !!!!) devant un spectacle qui ne vous plaît pas.

Le spectacle de Maguy Marin m’a physiquement mise mal à l’aise, je me souviens m’être sentie très oppressée…mais je suis restée. Par respect pour les artistes et parce qu’un spectacle vivant doit être vu jusqu’au bout pour être «compris».

Voilà, c’était la minute ralerie, désolée pour ce petit accès de colère, je crois que je suis une spectatrice aussi exigeante avec ses congénères qu’avec les artistes.

© Photo http://www.theatredelaville-paris.com

Une réflexion sur “« The Song » de Anna Teresa de Keersmaeker au Théâtre de la Ville

  1. Ce spectacle n’a de longueur que pour ceux qui ont les idées courtes et bien arrêtées sur la danse qui ne devrait être selon eux que ‘beau geste’, musicalité et produit de consommation courante…
    Sous nos yeux, Anne Teresa de Keersmaeker déploie depuis les années 80 une oeuvre commencée avec « Fase, four movements to the music of Steve Reich » pour nous donner aujourd’hui ce « THE SONG » épuré des oeuvres des ‘grands compositeurs’ auxquels elle nous avait habitués et qui se promène du côté des pop songs (Dylan, Beatles ?) à l’image de cette danseuse qui vient bruiter (et doubler) la chorégraphie. Ce qui nous questionne sur le corps et son double/son ombre, le geste et sa reproduction, la danse et ses effets…
    Oui, je confirme l’impolitesse et l’indigence de certains spectateurs du Théâtre de la Ville prompts à quitter la salle devant des spectacles d’une force incroyable, comme celui de Anne Teresa de Keersmaeker ou ceux de Maguy Marin avec « Turba » cette année et la reprise du formidable « Umwelt » l’année précédente. Le bruit, la fureur, la « non-danse » ne plaisent pas à certains spectateurs qui seraient pourtant avisés de s’informer sur les spectacles auxquels ils s’abonnent.

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